"Je suis tombé sur un immense trésor"
Il y a dix ans, Cole Powers a rencontré le Christ grâce à l'amitié des étudiants de CLU et des moniales chartreuses de Chertsey. Le 13 mai, il sera ordonné prêtre dans l'archidiocèse de Toronto. Il raconte ici son beau parcours de foi.Je suis originaire de Toronto et je suis l'aîné de trois garçons. En grandissant, mes parents ont toujours encouragé ma curiosité et toutes les passions passagères que les petits garçons ont tendance à avoir. Toutes les deux semaines, j'étais passioné par des sujets différents : une semaine, c'était la géologie, l’autre, c'était la plongée sous-marine, une autre semaine encore, c'était la psychologie. Et pendant quelques semaines, j'étais absolument convaincu que lorsque je serais grand, je ferais cette chose. Mais une fois familiarisé avec le sujet qui me passionnait cette semaine-là, la magie cessait d'opérer. J'ai donc grandi sans vraiment savoir ce que je voulais faire, parce que tout semblait me décevoir. En conséquence, j'ai appris à ne pas mettre toute mon énergie dans tout ce que je faisais, à ne pas vraiment me donner à fond, et à vivre ma vie sur le bord, au lieu de m’investir complètement.
Un jour, à la fin du secondaire, mon professeur préféré, qui m'a appris à aimer la littérature, s'est tourné vers moi et m'a dit : « Tu n'as pas vraiment bossé pendant ces quatre dernières années, n'est-ce pas ? » Ce moment m'a tout d'abord fait ressentir une grande honte. Mais plus j'y réfléchissais, plus je me rendais compte que c'était exactement ce que j'avais besoin d'entendre. En fait, c'est l'une des choses les plus utiles que quelqu'un m'ait jamais dites. Cela a allumé un feu dans mon cœur pour trouver quelque chose qui vaille la peine de s'y consacrer, pour trouver quelque chose qui vaille vraiment la peine de travailler, la peine de vivre!
Après avoir obtenu mon diplôme de fin d'études secondaires dans une école publique, je suis allé à Montréal pour étudier la philosophie et la littérature anglaise à l'âge de 18 ans.
Cela m'a rendu encore plus confus. Ce n'est que lors d'une rencontre innatendue avec un collègue de travail, pendant l'été de ma première année d'université, que les choses sont devenues plus claires. Nous faisions visiter l'oratoire Saint-Joseph à une petite école juive de Toronto lorsque j'ai vu mon collègue faire une génuflexion dans l'église.. En fait, je n'avais jamais vu quelqu'un faire une génuflexion auparavant, car je n'ai pas été élevé dans la religion catholique. Je n'étais entré dans une église que trois ou quatre fois dans ma vie, et ce fut donc un choc pour moi d'observer un geste qui semblait tout droit sorti du Moyen- Age sous mes yeux. Lorsque je l'ai interrogée plus tard, elle m'a expliqué qu'elle était catholique et m'a proposé de me présenter à certains de ses amis sur le campus.
L'idée que je me faisais des catholiques en grandissant était qu'ils étaient un peu malheureux. Cette idée me venait des films et de la télévision : Les catholiques étaient généralement vieux, plutôt moroses, très coincés, ils n'aimaient pas que les autres profitent de la vie ou s'amusent, et ils n'étaient ni chaleureux ni affectueux.
J'ai donc été très surpris de rencontrer les amis dont mon collègue m'avait parlé. Ces personnes étaient pleines de joie, enthousiastes par rapport à la foi et à la vie. C'était une réalité que j'étais littéralement incapable d'imaginer pour moi-même. À un moment donné, après les avoir fréquentés de plus en plus, ils m'ont invité à venir passer une fin de semaine au monastère de Chertsey, où vivent des moniales chartreuses contemplatives. C'était l'ultime obstacle pour quelqu'un qui n'avait pas grandi dans l'Église. Je pensais que ces sœurs devaient être un peu folles pour vivre recluses comme elles le faisaient. Lorsque je les ai rencontrées, là encore, mes attentes ont été renversées. Elles étaient tout simplement les personnes les plus heureuses que j'aie jamais rencontrées dans ma vie. À ce moment-là, je me suis dit dans mon cœur : quoique ce soit qu'elles aient, je le veux.
C'est ainsi qu'a commencé mon cheminement vers le baptême, et je suis sur le point de fêter mes 10 ans de catholicisme. Lorsque j'ai rencontré ces sœurs et que j'ai commencé à marcher vers le Christ au sein de l'Église, j'ai eu l'impression qu'un seau qui fuyait et que j'avais essayé désespérément de remplir toute ma vie débordait tout à coup sans que je n'aie rien à faire. Il y avait quelqu'un d'Autre qui commençait à m'attirer de plus en plus à Lui. J'ai commencé à visiter un monastère dédié au Saint Sacrement, où l'on pratiquait l'adoration 24 heures sur 24, et cela m'a convaincu, petit à petit, de l'appel à me consacrer totalement au Seigneur.
Lorsque je suis retourné à Toronto pour continuer mes études en philosophie, c'est avec l'aide et les conseils du père Chris Lemieux que j'ai pu visiter le séminaire et entendre le Seigneur dire dans mon cœur que Sa grâce était suffisante pour moi. Je pense souvent à ce moment comme étant la véritable origine de ma vocation de devenir prêtre, et c'est à ce moment-là que je me suis engagé à voir si c'était ce à quoi le Seigneur m'appelait.
Je n'aurais tout simplement pas pu imaginer de devenir prêtre lorsque j'étais plus jeune. Je n'en avais même jamais vu de près. Mais aujourd'hui, je me sens comme quelqu'un qui est tombé sur un immense trésor. Je suis très heureux de devenir prêtre et j'espère pouvoir offrir à d'autres le service dont ils ont besoin pour vivre ce que j'ai vécu dans l'Église.