L’amitié fait naître la communauté

À la recherche d'une continuité de l'intensité de son chemin avec le Mouvement, Mik découvre de nouveaux amis et un sens plus profond de l'amitié.

Mes premières expériences au sein du mouvement ont été d’une grande beauté. Elles ont noué de nouvelles amitiés, créé des souvenirs inoubliables et mené à la découverte de lieux inédits. Jamais n’ont-elles été le fruit de ma propre volonté, ces rencontres m’étaient véritablement offertes.

En 2017, j’ai déménagé à Winnipeg avec ma femme, poursuivant mon rêve de jouer de la musique à temps plein. J’ai quitté Toronto et laissé derrière moi de nombreuses amitiés qui m’étaient chères. Assez rapidement, j’ai eu le désir de recréer des expériences de beauté comme je les ai vécues dans ma communauté à Toronto. J’ai donc appelé Paolo Palamara et je lui ai demandé : « Comment crée-t-on une communauté ici à Winnipeg ? »

À première vue, cette question me semblait raisonnable. Si je parlais de Luigi Giussani à l’église et proposais l’École de communauté aux paroissiens, je jetterais les bases d’une nouvelle communauté à Winnipeg. Paolo m’a interrompu et m'a dit : « L’amitié fait naître la communauté ». J’étais reconnaissant de cet échange franc avec Paolo. Cela faisait seulement quelques mois que j'avais quitté Toronto et j’avais l’impression de n’avoir rien appris. C’était un rappel nécessaire. Il m’a suggéré d’envoyer un courriel à notre secrétaire à Montréal et demander si quelqu’un du mouvement habitait à Winnipeg.

Quelques mois plus tard, j’ai reçu un courriel de la part d’un homme qui s’appelait Vicente. Il avait rencontré le mouvement au Paraguay et vivait à Winnipeg depuis plusieurs années. Auparavant, il faisait l’École de communauté avec d’autres Paraguayens, mais ceux-ci étaient retournés dans leur pays il y a quelques années.

Malgré le fait qu’il ne me connaissait pas, il avait hâte de me rencontrer. Ce qui m’avait surpris de ma rencontre avec Vicente était le fait qu’il n’avait jamais oublié son expérience. Cela m’a rappelé un voyage que j’avais effectué en Italie où j’ai rencontré de nombreuses personnes du mouvement qui, dès notre première rencontre, cherchaient à me connaître véritablement. Je crois que plusieurs d’entre nous partagent une expérience similaire. De même, un musicien du sud de l’Ontario et un professeur du Paraguay se sont liés d’amitié à Winnipeg. Pour la majeure partie de l’année, la communauté était Vicente et moi. Tout cela semble invraisemblable, mais l’Esprit Saint agit dans le mystère.

Au début de la pandémie, l’École de communauté me permettait d’observer la réalité et me recentrer sur le présent. Plusieurs amis ont partagé cette même expérience. Sans les événements sociaux d'avant la pandémie, ce qui demeurait au courant de l'année était le texte lui-même. Cette année m’a aussi fait comprendre qu'à deux, nous sommes forcés à lire les textes proposés avec plus de sérieux. Mon intérêt pour ces textes n'a cessé de prendre de l'ampleur depuis mon arrivée à Winnipeg.

Nous avons tous des préférences et des idées préconçues. Personnellement, j’ai toujours voulu retrouver la communauté que j’avais auparavant. Mais la réalité n’est pas toujours ce que l’on souhaite. C’est lorsqu’on s’ouvre à la grâce de Dieu que des miracles peuvent survenir. Pendant les mesures sanitaires imposant le confinement, il semblait improbable que la communauté puisse grandir. C’est pourtant ce qui est arrivé : Kirsten et Stefan se sont joints à la communauté à l’automne. À l'hiver, mon ami Mike s’est joint à nous quand je lui ai partagé un texte de l'École de communauté qui l'avait aidé.

Ma communauté à Winnipeg ne ressemble à aucune autre communauté que j’ai connue par le passé, mais il existe une grande familiarité entre nous. Le désir de l’infini nous a unis et chaque semaine, je suis fasciné par l’intensité de nos questions. L’Esprit Saint nous anime tous de la même manière dans le mouvement.

Il y a quelques mois, j’ai parlé de cela avec mon ami Benjamin de Montréal. Il était surpris d’entendre qu’il y avait une communauté à Winnipeg et du fait que je n’avais pas abandonné le mouvement complètement. Il a dit que s’il avait déménagé quelque part où il n’y avait pas de communauté, il hésiterait à faire comme moi. Je lui ai dit qu’il avait tort de penser de la sorte. Chacun d’entre nous, malgré l’affinité que nous avons pour le mouvement, sous-estimons à quel point le Christ nous a transfigurés. Nous ne pouvons pas abandonner cette appartenance aussi facilement. La communauté de Winnipeg en témoigne.

Mik, Winnipeg MB